Une expérience internationale au service de la transition écologique
Arrivé en février 2025, Éric Fournel a repris la direction de la cimenterie de Bussac-Forêt, un site du groupe Heidelberg Materials. Après une carrière internationale, il revient en Charente Maritime pour piloter la transformation d’une usine historique vers un modèle plus durable.
Vous avez récemment pris la direction de l’usine. Pouvez-vous nous relater votre parcours ?
J’ai déjà travaillé dans plusieurs sites Heidelberg Materials – précédemment Ciments Calcia – de 2000 à 2006, et durant seize ans à l’étranger pour la concurrence, notamment en Afrique du Sud, en Égypte, en Algérie, au Mexique et au Canada. Ces années m’ont offert une vision très large de nos métiers et des défis de l’industrie cimentière à l’échelle mondiale.
En revenant en France à Bussac-Forêt, je retrouve un site solide, doté d’un fort ancrage local, auquel je peux apporter mon expérience internationale au service de la transition écologique.
Quelle est la place de la cimenterie de Bussac-Forêt au sein du groupe Heidelberg Materials ?
Un site majeur du groupe en France : la cimenterie de Bussac-Forêt emploie une centaine de collaborateurs directs, épaulés par de nombreux sous-traitants locaux. Nous comptons trois organisations syndicales – CGT, CFDT et CFE-CGC – qui nous assurent un dialogue social construit. Le groupe Heidelberg Materials est aujourd’hui le premier cimentier mondial, il est reconnu pour sa rigueur industrielle et son engagement dans la décarbonation de la construction. À Bussac, nous nous inscrivons pleinement dans cette dynamique.
Concrètement, comment fabrique-t-on du ciment ?
Notre métier repose sur un savoir-faire séculaire : on extrait le calcaire de la carrière, on y ajoute de l’argile et un peu de minerai de fer, on broie l’ensemble, puis on chauffe à très haute température pour obtenir le clinker. Ce clinker est ensuite broyé et mélangé à d’autres composants pour fabriquer le ciment. Mais derrière cette apparente simplicité, la réduction de notre empreinte carbone conduit à une révolution en profondeur : nous repensons nos procédés, nos matières premières et nos sources d’énergie.
Quels investissements ont été réalisés pour cette transition écologique ?
Nous avons investi 50 millions d’euros en 2023 pour moderniser les installations et préparer la substitution des combustibles fossiles par des combustibles alternatifs issus de la valorisation de déchets non recyclables. Nous travaillons avec notre partenaire, la société Brangeon, installée à trois kilomètres du site, qui nous approvisionne en CSR (Combustibles Solides de Récupération). Cette proximité logistique nous assure un approvisionnement stable, tout en limitant le transport et les émissions de CO2. Notre objectif est d’atteindre 80 % de taux de substitution énergétique dans les prochaines années. Nous développons de nouveaux types de ciments intégrant des laitiers de hauts fourneaux, et à un horizon de 2 ans, des argiles calcinées, qui nécessitent moins de clinker et réduisent donc considérablement notre empreinte carbone.
Cette modernisation transforme-t-elle aussi les métiers sur le site ?
Oui, profondément. Nous faisons évoluer les compétences internes vers de nouveaux domaines : automatisme, maintenance avancée, procédés numériques. Nous formons nos jeunes recrues en interne, accueillons régulièrement des stagiaires et jeunes ingénieurs, que nous ambitionnons de garder dans l’entreprise. Beaucoup de nos collaborateurs ont démarré ici et y ont bâti toute leur carrière.
Vous évoquez aussi une mixité croissante au sein des équipes…
Tout à fait. Sur certaines fonctions, notamment les achats et le laboratoire, la parité est déjà une réalité : 70 % de femmes y occupent des postes-clés, signe d’une évolution dans un secteur historiquement masculin. L’industrie change et c’est une bonne chose : la diversité renforce la performance collective.
Dans un contexte de ralentissement du bâtiment, comment se porte votre activité ?
Le marché de la construction connaît une phase de repli mais nous restons solides. Nous tournons aujourd’hui à environ 70 % de notre capacité, nous préservons l’activité et l’emploi. Notre priorité est la transformation du site et la continuité industrielle, avec une exigence constante de sécurité, de qualité et de performance. Nous faisons partie de ces industries lourdes qui, loin de disparaître, se réinventent. Le ciment de demain sera plus propre, plus local et plus intelligent. Nous y contribuons déjà activement chez Heidelberg Materials.
L’usine est adhérente du MEDEF 17. Quel rôle joue ce syndicat pour vous ?
Ce lien nous permet de rester connectés à la vie économique locale, de partager nos problématiques industrielles et de participer à la dynamique collective du département. Notre site est situé à Bussac-Forêt, tout au sud de la Charente-Maritime, à près d’une heure et demie de La Rochelle. Cette distance ne nous permet pas toujours d’être présents sur tous les événements du MEDEF – ce que nous regrettons un peu – mais nous suivons avec beaucoup d’intérêt les actions menées !


